Ursus Girardet

La pauvreté, la misère, le combat quotidien pour avoir ne serait-ce que le droit de vivre, Ursus connaît, c'est son quotidien, c'st ainsi qu'il est né et ainsi qu'il mourra. Les coups du sort lui ont forgé le caractère, et tout ce temps quels que soient les coups durs que lui a réservé l'existence, il se fera une fierté de vous dire qu'il n'a jamais pleuré une seule fois, qu'il n'a jamais versé la moindre larme. Il est né dans un milieu très modeste, sa mère, délaissée par son père dès que celui-ci eut appris qu'elle était enceinte, l'éleva du mieux qu'elle put, souvent, ils n'avaient pas même de quoi se nourrir, ils vivaient de petits larcins. Et quand bien même Ursus aurait préféré avoir les moyens de vivre en toutes légalités, il ne tarda pas à faire preuve des méthodes les plus incidieuses pour parvenir à gagner son pain et à prendre soin de sa mère. Sa mère qui fut emportée par l'influenza alors qu'il n'avait que quatorze ans. Dès lors commença sa vie d'errance, il quitta le village qui l'avait vu naître et se rendit de vlle en ville, s'attrbuant chaque fois un métier et une identité différente afin de s'attirer l'attention et la générosité du manant. Ce n'était pas toujours simple, mais cela lui suffisait à vivre. Il eut finalement les moyens d'acquérir une roulotte, dont il se servit pour arpenter la campagne française, ce fut alors qu'il traversait une forêt du nord qu'il accueillit un louveteau blessé, qui devait devenir son compagnon le plus fidèle. Avoir un loup domestique, ça a du bon, personne ne songe à vous chercher des noises, avec ça.

Une nuit, alors que l'hiver s'était abattu sur la France comme presque jamais auparavant, l'on toqua à la porte de sa roulotte. C'était un petit garçon, qui tenait entre ses bras une gamine encore plus jeune qu'elle, elle ne devait pas être plus âgée que deux ou trois ans. Ursus, après quelques réticences un rien forcées, accepta de les recueillir. Le garçon se nommait Gwynplaine, un pauvre enfant torturé par les comprachicos, le visage défiguré en un éternel et hideux sourire qu'il devrait garder toute sa vie. La petite n'avait pas été plus gâtée, le froid avait gelé son regard, elle était à présent aveugle. Ursus décida de la nommer Déa, pour rendre honneur à cette pureté naturelle et angélique qui émanait d'elle. Il prit les deux enfants sous son aile, les aida et les épaula, se moquant éperdument de leurs infirmités. En leur compagnie, il continua de sillonner les routes, et de jouer les bonimanteurs à travers la campagne... Jusqu'à découvrir à Gwynplaine un véritable talent pour le théâtre. Le handicap de ses "enfants" devint une force, et la clé de leur succès, les spectateurs affluaient pour voir "L'homme qui rit". Revers de c succès, ils décidèrent de monter leur spectacle à Paris, forts de leurs succès, et en effet, le public arrive en masse. Le bouche à oreille au sujet de leur spectacle s'est même répandu jusqu'à la cour. Une duchesse en particulier, Josiane d'Aurevilly, semble s'intéresser d'un peu trop près à leur spectacle, et à Gwynplaine en particulier. Ursus est très protecteur envers Gwynplaine, mais ne peut l'empêcher de faire ses erreurs, il s'inquiète davantage pour Déa, si sensible, qui voit l'homme qu'elle aime lui échapper. Que ses enfants s'aiment comme ils le veulent, peu lui importe, mais il ne tolère pas de les voir se précipiter vers leur malheur.

Ursus est ce que l'on pourrait qualifier d'autodidacte. Tout ce qu'il a appris, il l'a appris par lui-même. Il n'est pas l'homme le plus cultivé qu'on puisse imaginer, mais il possède tout de même un certain nombre de connaissances, culturelles notamment, qui lui permet de porter sur le monde et l'humanité une opinion réfléchie. Une opinion que l'on pourrait qualifier de pessimiste, car l'on ne peut guère dire qu'Ursus a vraiment foi en la nature humaine. Il accorde bien plus de crédit à l'animalité (son loup, par exemple). Sous ses airs bougons et bourrus, Ursus peut être un homme attentionné et tendre, il a l'instinct de meute, il veille sur Déa et Gwynplaine comme un loup veillerait sur ses louveteaux, quand bien même ils sont désormais en âge de se forger leur propre opinion. sur le monde.

Très éloquent, Ursus n'a pas de mal à soutenir des débats avec qui que ce soit, il a une opinion sur tout, et il l'exprime même lorsque personne ne la lui demande, le tout en faisant preuve de la plus désarmante des franchises. Ursus est honnête en toutes circonstances, il ne ment jamais, il y met un véritable point d'honneur. Il se montre très souvent d'un cynisme des plus total, c'est une carapace qu'il se forge pour affronter la vie et ses coups durs, et qui lui permet de rester de marbre même face aux situations les plus douloureuses. Épris de liberté, la vie de nomade lui convient bien plus que celle de sédentaire, et il ne se sent pas entièrement à son aise dans la grande ville.

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